Un bon nombre de patients se remettent du COVID-19 sans trop de difficulté. Mais pour certains, et plus particulièrement ceux qui ont développé des formes graves de la maladie, la période de rétablissement peut se révéler un peu plus long.
Bien que les scientifiques rassemblent régulièrement de nouveaux éléments sur les signes du COVID-19, plusieurs symptômes sont assez bien déterminés chez les adultes. On peut citer : fièvre, toux, difficultés respiratoires, fatigue… En revanche, la convalescence et les complications potentielles qui attendent les malades, restent assez floues. Des témoignages montrent que le rétablissement peut être très long pour certains.
Une convalescence placée sous le signe de la fatigue
Alors que le coronavirus continue à se répandre dans de très nombreux pays, les témoignages des premières personnes affectées par le SARS-COV-2 se multiplient. Si certains se rétablissent en une quinzaine de jours, d’autres rapportent avoir des difficultés à se remettre.
Akhink Omer, trentenaire du Tennessee, infectée en mars dernier par le coronavirus, a dû être hospitalisée pendant 8 jours à la suite de la dégradation de son état de santé “La fatigue était intense et la toux était si grave que j’avais l’impression de m’étouffer, comme si quelqu’un m’attrapait par la gorge”, explique la jeune femme. Lorsque ses symptômes se sont améliorés, elle a été autorisée à rentrer chez elle. Toutefois, elle était loin d’avoir retrouvé sa forme passée.
Pendant plusieurs semaines, elle a ressenti une grande faiblesse et une fatigue chronique. Par ailleurs, la toux a mis longtemps à s’arrêter. Elle se rappelle : “c’était comme si mes poumons essayaient d’expulser tout ce qui restait là-dedans”. Elle a été tenue de se soumettre à des exercices respiratoires douloureux pour récupérer ses capacités passées. La patiente a aussi besoin d’être soignée après son hospitalisation pour une carence en fer et des taux hépatiques anormaux causés par un médicament prescrit contre le COVID-19.
Elle n’est pas la seule à faire état d’une grande fatigue. David Harris, architecte de Bristol, a expliqué à la BBC avoir vu ses symptômes apparaître et disparaître à plusieurs reprises “Cela a été un peu comme une mini-saga d’une vague régulière de symptômes à laquelle je ne m’attendais pas du tout« , dit-il. « La deuxième vague a été bien pire – les mêmes symptômes, mais avec un essoufflement, et c’est pourquoi j’étais convaincu qu’il s’agissait du coronavirus« . L’homme qui s’est de lui-même isolé, n’a pas été testé. Toutefois, il fait état d’un épuisement important et persistant après la disparition définitive des symptômes.
COVID-19 : une convalescence psychique difficile également
Le Dr Philip Gothard, médecin consultant à l’hôpital des maladies tropicales de Londres a confirmé à la BBC. Si la majorité des personnes infectées par le SARS-COV-2 se rétablissent en une quinzaine de jours, « certains auront une toux persistante”. Il ajoute “nous commençons à voir des patients qui ont une fatigue profonde et un épuisement qui dure peut-être trois, quatre, cinq ou six semaines”. Il reconnaît ensuite « C’est très pénible si vous êtes une personne jeune et en bonne santé, c’est quelque chose dont vous n’avez pas l’habitude”.
L’affaiblissement physique n’est pas la seule difficulté rencontrée par les anciens patients. La maladie affecte aussi leur psychisme. Stress, sentiment d’isolement et de solitude pendant l’hospitalisation, peur de mourir… ils sont nombreux à décrire cette période comme une épreuve psychologique, complexe à surmonter.
COVID-19 et réanimation : un rétablissement encore plus long
Les formes les plus graves du COVID-19 peuvent entraîner les patients en réanimation. Cette maladie, venue de Chine, peut en effet provoquer chez certains un syndrome de détresse respiratoire aigu qui nécessite une prise en charge dans ce service. Or, l’intubation est une procédure particulièrement éprouvante pour l’organisme. Ces patients, alités plusieurs semaines sans pouvoir bouger, un tube dans la gorge, font face à plusieurs difficultés à leur sortie : fonte musculaire, dénutrition, difficulté à déglutir ou à parler…
Gérald Choukroun, pneumologue et chef d’un service de sevrage respiratoire à l’hôpital Forcilles (Seine-et-Marne), a confié à Ouest-France « Les patients en réanimation puisent beaucoup dans leurs ressources physiologiques ; une dénutrition s’installe en réanimation. Il faut leur redonner du carburant pour pouvoir se reconstruire« .Ces personnes doivent souvent rejoindre un centre de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) pour bénéficier de soins supplémentaires comme de la rééducation, de la kinésithérapie, de l’orthophonie, de la psychothérapie… Le chemin de la convalescence est très long.
Coronavirus : l’impact sur la santé des malades encore inconnu
Tous les médecins s’accordent : la plupart des personnes atteintes de COVID-19 sont susceptibles de se rétablir sans effet à long terme. « Dans la plupart des cas, plus de 80% des personnes n’ont pas de forme grave, donc la plupart des gens vont guérir complètement« , assure le Dr Carlos del Rio, spécialiste des maladies infectieuses et professeur d’épidémiologie à l’Université Emory, au site Webmed.
« Mais pour le petit pourcentage de personnes présentant des symptômes graves et critiques, des questions concernant un impact à long terme sur les poumons et d’autres organes se posent. Mais nous ne savons pas encore à quoi cela ressemblera ».
Néanmoins, les médecins constatent déjà une liste croissante d’impacts sur la santé au-delà des problèmes respiratoires. On rapporte des incidences sur le système digestif, le cœur, les reins, le foie, le cerveau, les nerfs, la peau ou encore les vaisseaux sanguins.
Une étude chinoise, menée sur des malades du COVID-19 hospitalisés à Wuhan, a révélé que de nombreux patients rétablis avaient rencontré une multitude de complications pendant leur séjour : 42% avaient une septicémie, 36% souffraient encore d’une insuffisance respiratoire, 12% avaient une insuffisance cardiaque et 7% avaient des problèmes de coagulation sanguine. Les chercheurs remarquaient que s’ils avaient survécu, leur rétablissement était encore incertain.
Des risques aussi avec les formes bénignes de Covid ?
Selon des travaux menés par le Dr Jessie Edwards, épidémiologiste à l’Université de Caroline du Nord (Chapel Hill), les personnes peu atteintes après avoir été infectées par le Coronavirus, pouvaient aussi présenter des anomalies. 47% des patients auscultés ayant eu une forme bénigne de la maladie et 61% de ceux ayant eu des symptômes modérés, affichaient des résultats anormaux de la fonction hépatique, pouvant traduire l’apparition de lésion hépatique pendant l’infection.
Une autre recherche estimait que 50% des scanners réalisées sur les malades du COVID-19 asymptomatiques montraient des dommages aux poumons, même s’ils ne présentaient pas de signes de troubles respiratoires.
Le COVID-19 est une nouvelle maladie qui recèle encore de nombreux mystères. C’est pourquoi le monde médical travaille pour mieux la comprendre ou encore trouver les meilleurs soins à procurer aux patients pendant et après la maladie.
Par Sophie R., journaliste santé,
Santé-Sénégal.com – le guide d’information de santé et prévention
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